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Maroc : halte à la répression
Rouge , KENZ Salim
5 mai 2007
L’escalade répressive de ces dernières semaines au Maroc montre à nouveau que rien n’a changé dans la nature autoritaire et dictatoriale du régime marocain.
Depuis le 1er mai, une vague de répression s’est de nouveau abattue sur le Maroc. De nombreux militants d’Agadir et de Ksar el-Kebir ont été condamnés à des peines de prison de plusieurs années sous le prétexte d’avoir « porté atteinte aux valeurs sacrées du royaume ». La solidarité est, elle aussi, considérée comme un crime. Ainsi, à Beni-Mellal, quatre militants ont été condamnés à des peines de prison allant de deux mois à un an ferme, pour avoir participé à un sit-in de solidarité avec les détenus. Suite à ces événements, une coordination nationale, rassemblant les associations pour les droits de l’Homme et les syndicats, a appelé à une journée de solidarité avec les détenus, le 15 juin, dans tout le Maroc. À Casablanca, la manifestation n’a pu défiler et, dans plusieurs villes, comme à Rabat, les manifestants ont été sauvagement réprimés. À Rabat, après deux heures d’affrontements, plusieurs militants se sont retrouvés à l’hôpital, dont trois dirigeants de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) (lire Rouge n° 2211).
Comme si la répression étatique ne suffisait pas, le patronat marocain utilise aussi ses propres milices pour mater la résistance. Les ouvriers Coca-Cola à Casablanca, en grève pour leurs droits syndicaux et sociaux, en ont fait les frais. On leur a envoyé des barbouzes accompagnés de chiens pour les déloger de l’usine qu’ils occupaient. La direction n’a pas hésité non plus à licencier le délégué du personnel.
Voilà déjà deux ans que l’on assiste à un renouveau des luttes au Maroc, tant dans les villes que dans les campagnes. La politique économique et sociale menée, par un régime autoritaire, obéissant au FMI et à la Banque mondiale, est largement contestée dans les rangs des travailleurs et des pauvres qui ne supportent plus la situation sociale dégradée : services publics privatisés, salaires de misère, augmentation du coût de la vie, chômage massif et escalade répressive. Les années de plomb du régime Hassan II, entre 1960 et 1990, ne sont pas si loin...
Tout comme lors de la violente répression des années 1970, le régime nous oppose le nécessaire « renforcement de l’unité nationale » ; d’une part, pour réussir la pièce de théâtre que vont être les élections législatives du 27 septembre prochain et, d’autre part, pour régler les négociations sur le sort du Sahara occidental, qui réclame son indépendance. Tout cela n’est que prétexte pour cacher la réalité des politiques libérales dont les dégâts sociaux sont graves.
Mais le peuple marocain résiste, comme ailleurs sur la planète, pour enrayer la machine infernale du capitalisme et notre solidarité à ces mouvements doit être permanente, notamment en France, pays qui a toujours soutenu le gouvernement marocain et dont les multinationales, comme Bouygues et Vivendi, font des ravages au Maroc.
Salim Kenz
* Paru dans Rouge n° 2213 du 5 juillet 2007.
Répression au Maroc
Un sit-in, organisé le 15 juin devant le Parlement de Rabat par l’Instance nationale pour la solidarité avec les détenus du 1er mai 2007, a fait l’objet d’une répression sauvage et sans sommation, qui s’est soldée par des traumatismes et des fractures pour des dizaines de militants. Les participants ont été poursuivis, battus et piétinés pendant plus d’une heure et demie par « les forces auxiliaires » (mokhazni). Parmi les blessés figurent trois dirigeants de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
Ce rassemblement avait lieu dans le cadre d’une journée nationale d’action pour la libération de militants arrêtés à Agadir, Ksar-el-Kebir (entre Tanger et Tétouan) et Beni-Mellal (au centre du Maroc), à la suite des manifestations du 1er mai au cours desquelles de nombreux militants syndicalistes ont été condamnés à des années de prison ferme sous l’inculpation d’« atteinte aux valeurs sacrées du Royaume ». Le 5 juin, à la suite d’un sit-in de protestation à Beni-Mellal, dix militants syndicalistes ont été arrêtés.
Dans un communiqué, l’AMDH « rappelle que la répression s’abat sur les chômeurs, les travailleurs, les fonctionnaires, les handicapés et les défenseurs des droits humains au moment où les personnes qui pillent les biens publics, qui commettent des crimes politiques et économiques jouissent de l’impunité ». Les militants arrêtés le 1er mai devaient comparaître devant les tribunaux de Beni-Mellal et Agadir les 18 et 19 juin.
* Paru dans Rouge n° 2211 du 21 juin 2007.
vendredi 13 juillet 2007
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