ASDHOM
Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
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AMF
Association des Marocains en France
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AMBDH
Association des Marocains de Belgique pour la Défense des Droits de l’Homme
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Paris, le 18.10.2007
Lettre à monsieur Nicolas SARKOZY, Président de la République Française
Les 22, 23 et 24 octobre 2007, vous allez vous déplacer au Maroc en vue de consolider les relations entre la France et ce pays dont l’état des libertés individuelles et collectives est alarmant.
Cette initiative s’inscrit dans un cadre de réflexion sur les attentes et intérêts réciproques des peuples des deux rives de la Méditerranée et cette approche louable ne peut se concevoir sans la mise en œuvre des principes universels de respect des droits humains.
Plusieurs dossiers seront traités dont ceux de l’immigration, du développement et de la libre circulation.De ces échanges nous espérons des progrès qualitatifs, équitables et citoyens.Et nous jugerons sur pièces.
Monsieur le Président de la République Française ,
Le Maroc traverse une période préoccupante au niveau du respect des droits humains.
Nous n’allons pas faire l’inventaire de toutes atteintes, parfois très graves, aux droits humains, sachant que l’Etat français suit de très près les développements et turbulences qui animent la vie politique du Maroc.
Cependant nous émettons le souhait que la question des détenus d’opinion ne soit pas négligée car il s’agit de l’avenir du Maroc et de sa capacité à respecter la libre expression.
Depuis le 1er mai 2007, les arrestations et les condamnations se multiplient, preuve qu’il y a loin des paroles à la réalité des faits. La liberté d’expression est soumise à l’arbitraire, dans un pays où toute revendication est interdite dès lors qu’elle met en cause l’autorité royale.
Des dizaines de militants des droits humains (dont la présidente et les deux vice-présidents de l’Association Marocaine des Droits Humains) ont été jetés à terre, bousculés, blessés et arrêtés, et pour une vingtaine d’entre eux condamnés sommairement à des peines fermes de1 à 4 ans de prison (villes de Ksar el Kebir, Beni Mellal et Agadir). Parce qu’ils manifestaient pacifiquement lors de la fête du travail comme il est de tradition dans tous les pays du monde ou qu'ils exprimaient leur solidarité avec les citoyens incarcérés.( ville de Beni Mellal) .
L’un des condamnés à 3 ans, monsieur Mohamed BOUGRINE, âgé de 72 ans est une vieille figure de la lutte pour la démocratie et ne mérite pas d’être traité comme un malfrat. Et que dire de la condamnation, également à trois ans de prison ferme, d'un vieillard de 93 ans, malade physiquement et psychiquement, parce qu'il a osé critiquer la monarchie et les valeurs sacrées…
Monsieur le Président de la République Française ,
Vous êtes le représentant élu d’un pays de longue tradition démocratique et nous savons que la France peut être entendue par un pays qui souscrit officiellement aux principes des droits humains et dont les liens avec la République sont profonds.
Nous souhaiterions monsieur le Président de la République que deux autres dossiers fassent partie de vos préoccupations qui sont les nôtres depuis trop longtemps : celui des disparus des « années de plomb » dont le sort est à ce jour inconnu malgré les promesses de l’Etat Marocain et celui des citoyens subsahariens, à la recherche d’horizons de vie, que l’Etat marocain considère comme des sous hommes passibles des pires châtiments et que l’Europe ignore, néglige et oublie. Un autre dossier semble également oublié des autorités marocaines, c'est celui d'une trentaine de prisonniers politiques incarcérés sous le règne de Hassan II et pas encore libérés.
Monsieur le Président de la République Française ,
Nous ne nous permettons pas de vous demander de réagir chaque fois que le Maroc éternue, mais de réagir, à votre façon et selon les qualités de vos relations, pour que le Maroc se rapproche de l’Etat de Droit.
Nous comptons sur votre intervention et vous remercions de tout appui que vous apporterez à la fin de l’impunité et à un début de transparence dont le Maroc a grand besoin.
Les organisations signataires de cette lettre comprennent que vous ne pouvez vous permettre de vous immiscer dans les affaires intérieures d’un pays reconnu par les Nations Unies.
Cependant, nous sommes persuadés que toute ingérence ou avis, basés sur les instruments internationaux ratifiés par les pays concernés sont un outil utile, voire indispensable, pour le bien-être commun.
En étant convaincus que notre message sera bien compris, les organisations signataires vous expriment monsieur le Président de la République Française , leur sentiment d’un grand respect dû à votre fonction.
Respectueusement.
Les trois associations signataires
(La liste des associations qui adhèrent à cette démarche sera publiée prochainement)
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